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THÉORIE

Smart Growth

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Le Smart Growth est un outil de planification urbaine qui cherche à contrer l’étalement urbain et la disposition fonctionnelle des villes héritée de la pratique moderniste.  Ce concept encourage la planification de villes compactes, perméables, diversifiées et connectées.  Il cherche d’abord à concentrer les développements sur l’existant, c’est-à-dire de construire la ville sur la ville.  D’ailleurs, plusieurs stratégies sont mises à l’avant afin d’assurer que le réaménagement d’une ville répond aux valeurs visées par ce concept. 

 

Tout d’abord, les quartiers doivent être compacts, encourageant la haute densité, l’encadrement des rues et la surveillance naturelle.  Par contre, bien qu’une certaine densité de bâti soit nécessaire, la présence de la nature ne doit pas être négligée.  En effet, le Smart Growth cherche à préserver, autant que possible, la nature et les espaces ouverts déjà présents dans la ville, concentrant les nouvelles constructions sur les sites résiduels de moindre valeur.

 

Les quartiers doivent également être “marchables”, offrant une proximité de diverses fonctions pour répondre aux besoins des occupants et diminuer leur dépendance sur l’automobile.  Une mixité de logements, de lieux de travail, de commerces, de lieux récréatifs et de fonctions civiques est donc nécessaire à l’intérieur d’un quartier.  De plus, afin de créer une communauté inclusive, de répondre aux besoins des divers groupes sociaux et d’assurer une mixité sociale, les types de logements doivent être diversifiés.

 

Bien qu’à sa base, les quartiers visent à être “marchables” et autosuffisants, ils doivent également offrir divers choix de transports.  En combinant un système efficace de transport en commun et de transport doux avec un aménagement compact et “marchable” du secteur, la présence d’automobile se voit diminuée, créant un lieu plus sécuritaire et agréable pour les occupants.  À cette stratégie, il est également possible de rattacher la notion complémentaire du Transit-Oriented Development (TOD), qui encourage une proximité et une relation fonctionnelle avec les stations de transport en commun.  Dans un TOD, à l’aide de quartiers compacts et mixtes, d’un pôle de transport en cœur de quartier et d’une mise en valeur des corridors principaux, la marche, le cyclisme et l’utilisation de transits publics sont encouragés.  D’ailleurs, le type de quartier recherché dans un TOD est fortement semblable à celui du Smart Growth, et les deux concepts se complètent. 

 

Dans le Smart Growth, l’identité du lieu est également une notion importante.  En effet, celle-ci doit être mise en valeur afin de créer des communautés distinctives et attrayantes.  Il est donc nécessaire de respecter et conserver l’héritage culturel et architectural d’un site, incluant notamment la préservation de ses bâtiments historiques.  Dans cette même idée, la densité, la hauteur et le style des nouvelles constructions doivent être appropriés au lieu tout en s’inspirant de celui-ci. La communauté devrait également participer dans l’élaboration des plans et dans la prise de décision pour assurer leur implication dans le développement de leur ville et pour encourager leur sentiment d’appartenance.

 

En bref, le Smart Growth est une réponse adéquate aux problèmes que plusieurs villes autour du monde confrontent actuellement.  Son concept est particulièrement intéressant pour les villes comme Cape Town et le projet de Maitland qui cherchent à se redéfinir autant au niveau urbain qu’identitaire, et à assurer leur prospérité.

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Identité culturelle

 

L’identité d’une ville est liée à l’essence même des gens qui y habitent. Pierre Laborde souligne que l’identité est ce qui rend une ville unique, ce qui lui permet de se distinguer des autres et d’ainsi éviter les dangers  de l’uniformisation qui guette notre société. Pour projeter une image distinctive tout comme pour évoluer en harmonie avec les besoins et les préférences de ses habitants, une ville se doit de puiser dans la culture locale et dans le mode de vie et les valeurs des locaux. Une ville peut également contribuer à l’identité culturelle de ses citoyens en exploitant la mise en valeur de monuments emblématiques. En effet, pour Göran Cars, l’identité culturelle locale peut servir de puissant catalyseur dans un processus de développement urbain :

 

« In many cities that have experienced growth and development, explicit cultural policies have been recognized as vital ingredients in the urban development strategy. » (Cars, 2008)

 

En façonnant la ville à l’image des personnes qui y vivent, Cars soutient que ce n’est pas seulement l’image de la ville qui est améliorée, mais que cela contribue également à développer un sentiment de fierté et d‘appartenance chez les citoyens. Ainsi, en mettant à bon escient la culture locale, il est également possible d’en projeter une image plus positive et, par exemple, de permettre à une ville de cicatriser un passé douloureux qui fait fondamentalement partie d’elle-même. En effet, comme le rappelle Laborde, une ville appartient au domaine de la mémoire collective ce qui s’exprime donc dans une identité qui est, à la base, étroitement liée à l’histoire de cette dernière. En complémentarité au concept d’image tel que présenté par Cars qui précise qu’elle n’est jamais définitive, Laborde souligne que cette image a une résonnance historique, mais aussi contemporaine:

 

« La ville est vitrine d’un passé et miroir du présent. » (Laborde, 1998)

 

En l’invoquant ainsi, les deux auteurs s’entendent pour une notion évolutive de l’identité de la ville qui prend source, entre autres, dans l’identité culturelle partagée par les habitants.

 

     Paysage culturel évolutif

Un paysage culturel tel que décrit par Pierre Larochelle permet d’analyser un milieu bâti comme étant une résultante entre la société et le lieu qu’elle occupe et comme une concrétisation de l’histoire de cette société en une représentation tangible. Ce milieu est donc le produit d’une utilisation humaine, il en reflète les valeurs. Graduellement, la notion de paysage cultuel ou patrimoine bâti s’est vue appliquée à des instances plus récentes, voir mêmes contemporaines et incorpore le bâti mineur. On remarque ici que, tout comme Cars et Laborde, Larochelle, considère la constante évolution de la signification de ce qui module un certain milieu, il propose qu’une identité partagée soit évolutive. Ce patrimoine est collectif et fait donc appel à la mémoire collective d’un lieu. L’importance donnée à un lieu est définie par sa capacité à commémorer une histoire commune, à invoquer une culture. Tout comme l’identité d’une ville, le patrimoine bâti fait en sorte qu’une communauté se distingue.

 

     Espaces de rencontres

On soutient qu’un système d’espaces communs où les échanges sont favorisés renforce le lien entre la population, son territoire et sa communauté. Un tissu urbain où s’entrecroisent plusieurs espaces de rencontre provoque un sentiment de responsabilité envers ce lieu, le rendant donc plus sécuritaire. Robert Putnam et Lewis Feldstein soutiennent qu’il faut donc créer le plus d’opportunités de rencontres possible dans un quartier pour développer un sentiment de communauté chez ses habitants. Préférablement, ces espaces devraient être de différentes tailles et devraient pouvoir répondre à des usages variés pour assurer leurs utilisations auprès du plus grand nombre de personnes. La rencontre fréquente de mêmes personnes sur un parcours partagé engendre un sentiment de familiarité qui aide à développer un sentiment d’appartenance à une communauté, à l’unifier. Les auteurs précisent qu’on peut ainsi consolider un attachement profond à un milieu de vie, le rendant plus inclusif pour tous.

Identité culturelle

BELBAHRI, Abdelkader. « Politiques publiques territorialisées et production d’identité collective ». In De Biase, Alessia & Cristina Rossi (2006). Chez Nous : Identités et territoires dans les mondes contemporains. Paris : Éditions de la Villette, p.100-113

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BOISCLAIR, Catherine, et al. (2013).  Retisser la ville : [Ré]articuler urbanisation, densification et transport en commun.  Québec : Vivre en ville, 120 p.

 

CALTHORPE, Peter (1993).  The Next American Metropolis : Ecology, Community, and the American Dream. New York : Princeton Architectural Press, 175 p.

 

CARS, Göran (2008). « The Role of Culture in Urban Development». In Hass, Tigran (2008). New Urbanism and beyond : designing cities for the future. New York : Rizzoli International Publications, p.176 -181

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CLEAR, Charlene (2012).  Smart Growth : A sustainable strategy for urban development and regeneration.  Watford : IHS BRE Press, 12 p.

 

DUANY, Andres et al. (2010).  The Smart Growth Manual.  New York : McGraw-Hill, 240 p.

 

LABORDE, Pierre (1998). L’identité : Valeur du futur de la ville? [Document électronique] http://www.uc.pt/fluc/depgeo/Cadernos_Geografia/Numeros_publicados/CadGeo17/artigo29

 

LAROCHELLE, Pierre (2001). Lecture des paysages culturels et maintient de l’identité des lieux. [Document électronique]  http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/mandats/eole_riv-loup/documents/DC13.pdf

 

PUTNAM, Robert et Lewis Feldestein (2008). « Creating common spaces ». In Hass, Tigran (2008). New Urbanism and beyond : designing cities for the future. New York : Rizzoli International Publications, p.232-233

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SUZUKI, Hiroaki, et al. (2013).  Transforming Cities With Transit : Transit and Land-Use Integration for Sustainable Urban Development.  Washington : The World Bank, 205 p.

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